#CHALLENGE AZ - R



R Comme REGISTRE MATRICULE

Il faut se souvenir du passé,
Non pour rouvrir de vieilles blessures,
Mais pour les refermer.

Fedérico Mayor

REGISTRE ;  Livre public ou particulier sur lequel on inscrit les fais, les actes dont on veut garder le souvenir ou la trace.
MATRICULE ; registre où sont inscrits les noms des individus qui entrent dans un hôpital, une prison, un corps de troupes etc….
Les registres matricules militaires ont été créés en 1867 pour suivre le parcours militaire des recrues



Avant 1905, l'attribution du matricule est faite par le conseil de révision qui va de canton en canton. Dans le premier canton visité, on attribue le matricule 1 à la personne qui a tiré le numéro 1. Et ainsi de suite. Quand on passe au canton suivant, celui qui tire le numéro 1 se voit attribuer le matricule qui suit celui du dernier du précédent canton. Les matricules sont donc classés par canton et par numéro tiré.
Après 1905, plus de tirage au sort. La répartition se fait toujours par canton suivant l'ordre de visite du conseil de révision cette année là, mais cette fois-ci la première personne par ordre alphabétique obtient le numéro 1 et ainsi de suite. Dans le second canton, on continue la liste des matricules en repartant par ordre alphabétique. Les matricules sont donc classés par canton et par ordre alphabétique parmi les habitants de chaque canton et non uniquement par ordre alphabétique.
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 Grâce au registre matricule de mon arrière grand-père Clément DAVID, que j’ai trouvé sur les archives départementales de Vendée, j’ai pu un peu mieux le connaître, même si, je l’avoue, aujourd’hui, je n’ai pas encore tout découvert, ce qui est tout de même assez frustrant !
Clément DAVID portait donc le numéro 36 de tirage dans le canton de Montaigu, et le numéro matricule du recrutement ; 1102. Mon aïeul avait un degré d’instruction générale de niveau 3 ce qui veut dire qu’il possédait une instruction primaire plus développée.
Il avait :

v  les cheveux et sourcils bruns,
v  les yeux bleus,
v  le front rond,
v  un nez gros,
v  une bouche moyenne,
v  le menton carré,
v  un visage anguleux,
v  et mesurait 1m 58 donc pas grand, contrairement à sa fille ma Grand-Mère Thérèse qui était assez grande – sans doute tenait-elle de sa mère.

Sur ce registre, je peux voir également qu’il était propre au service actif, mais qu’il a été dispensé ayant un frère présent sous les drapeaux – je ne sais pas, par contre en quelle année ?
Dans le détail des services et mutations diverses, j’apprends ;
-         Qu’il a été appelé à l’activité le 14 novembre 1898 au 137ème régiment d’Infanterie, arrivé au corps ledit jour, immatriculé sous le numéro 8392 – Il était soldat de 2ème classe, et passé dans la disponibilité de l’armée active le 20 septembre 1899.
-         Un certificat de bonne conduite lui a été accordé.
-         Il passe dans la réserve de l’armée active le 1er novembre 1901, maintenu affecté au Régiment d’Infanterie de la ROCHE SUR YON.
Entre temps, je vois également qu’il a accompli une première période d’exercices dans le 93ème Régiment d’Infanterie du 22 août au 18 septembre 1904, et une deuxième période d’exercices dans le même régiment du 19 août au 15 septembre 1907. Il est alors déjà marié, et a une petite fille née en avril 1907.
-         Il passe ensuite, dans l’armée territoriale le 1er octobre 1911, et affecté au 83ème Régiment Territorial d’Infanterie.
-         Comme beaucoup d’autres, il est rappelé à l’activité par décret de mobilisation générale du 1er aout 1914. Arrivé au corps le 4 aout 1914, soldat de 2ème classe.  Il a laissé chez lui, son épouse et ses quatre enfants, dont son dernier né seulement âgé d’à peine un mois.
-         Il passe le 7 octobre 1914 au 88ème Régiment Territorial d’Infanterie.
Ses campagnes contre l’Allemagne
-         Intérieur du 4 août 1914 au 6 octobre 1914
-         Armées du 7 octobre 1914 au 12 septembre 1915
-         Intérieur C.D. du 13 septembre 1915 au 21 juillet 1916.
Ensuite, j’apprends qu’il est évacué des armées, qu’il a été blessé le 13 septembre 1915, et qu’il est proposé pour une pension de retraite de 1ère classe, le 21 juillet 1916 à Montpellier pour cécité complète, pension qu’il obtiendra suivant décret du 29 décembre 1916.
Par décret du 18 octobre 1917 cette pension sera révisée, c’est sa veuve qui en profitera, car Clément DAVID  décède le 30 avril 1917 à LA BOISSIERE DE MONTAIGU en Vendée, son fief.
Je découvre aussi sur son registre matricule,  qu’il a été blessé à HERCHE (Somme) par éclats d’obus à la figure, et cécité complète – Je suppose alors qu’il fait partie des « Gueules Cassées » !
Il est cité à l’ordre de l’armée – journal officiel du 2 novembre 1916
« A toujours fait preuve d’un courage et d’un dévouement exemplaire, blessé très grièvement à son poste, le 13 septembre 1915 – cécité complète »
 

Médaille militaire pour prendre rang du 28 septembre 1916 – Croix de Guerre avec palme.

C’est alors pour moi un « long parcours du combattant », pour trouver des informations relatives à ses blessures, sur ce qui s’est passé depuis le jour où il a été blessé et le jour où il décède.
Je n’ai pas tout découvert ! J’ai trouvé le journal des opérations militaires de son régiment (voir mon article à la lettre O), le journal officiel indiquant qu’il bénéficiait d’une pension, le journal officiel pour ses médailles, mais rien concernant ses blessures et son séjour en hôpital.
J’ai interrogé les archives du service des Armées, mais rien ! A croire, qu’après avoir été blessé et évacué du front, il a disparu de la circulation pour ne réapparaître qu’en 1917 pour mourir en son domicile !
Les « gueules cassées » dont mon arrière grand-père a sans doute fait partie, (vu ses blessures)  ont du vivre un véritable calvaire. Non seulement ils étaient défigurés, ce qui n’était certainement pas facile à accepter pour certains qui auraient sans doute préférés mourir sur le champ de bataille, mais en plus, une fois rentrés chez eux, ils devaient subir le regard des autres, y compris parfois, celui de leur famille.
Poème des Gueules Cassées – La Blessure au Visage
Lorsqu’'on aura posé les armes
Et que, joyeux levant le front
Et tarissant toutes les larmes
Reviendront: ceux qui reviendront!  
 Les femmes d'un élan farouche
Prendront les hommes sur leur cœur
Et baiseront à pleine bouche
Celui qui reviendra vainqueur

Puis s'apaisera la joie ivre
Et l 'ordre ayant donné ses lois
Il faudra se reprendre à vivre
Ainsi qu’ on vivait autrefois

Or bien peu reviendront sans doute
Les mêmes qui étaient partis
Tel qui fut droit ,hélas se voûte
Et tel autre a les cheveux gris

Le front de celui-ci se ride
Ainsi que le front d 'un vieillard
Et celui-là sa manche est vide
Et l autre, il n a plus de regard

Mais les femmes consolatrices
Après l’ étreinte du retour
Ennobliront les cicatrices
A force de soin et d’ amour

Toi qui te crois vieux jusqu'à l'âme
Ecoute dans la paix du soir
Le rire de ta jeune femme
Et ton cœur frémira d’ espoir

Toi qui traine une béquille
Pour guider ton pas incertain
Le bras de quelque belle fille
Te soutiendra sur ton chemin

Toi dont l'épaule mutilée
Te rend sauvage et maladroit
Attends d 'une âme consolée
Celle qui sera ton bras droit

Mais toi dont le masque effroyable
Est défiguré par l'horreur
Semblable au monstre de la fable
Dont les petits enfants ont peur

Toi qui dans la tragique fête
Au premier rang des bataillons
A su, sans détourner la tête
Recevoir le coup en plein front

Toi qui n'en est pas  mort ,pauvre homme
Mais à toi même hélas survis!
Toi, qui n’a su donner en somme
Que ton visage à ton pays...

L'amour se détourne à ta vue
L'amitié ralentit le pas
Et le soir de ta venue
Ton chien ne te reconnut pas!

Si tu n'as plus ta vieille mère
Ne rentre pas à la maison
Oh! Pauvre enlaidi de la guerre
Fuis, au hasard, vers l'horizon!

Fuis ta demeure et ton village
On te plaint moins qu’ hier déjà
On se détourne davantage
Et demain on t'évitera

Mais si ta mère est à ta porte
Entre sans crainte elle t'attend!
Pourquoi trembles-tu? Que t'importe?
Elle a reconnu son enfant!

Elle t'étreint et te regarde
Et clame quelle chance j'ai.
C'est bien lui, je l'ai, je le garde
C'est mon fils, il n’a pas changé!

Ces soldats ne sont pas « Morts pour la France », car souvent démobilisés après leurs blessures, mais ils ont été décorés des plus hautes distinctions.
Mais le sacrifice qu’ils ont du subir n’est-il pas aussi violent que de mourir sur le front ?
Je remercie, pour leur aide, et leur patience,  tous les membres généablogueurs des groupes sur Facebook « généalogie récap – recherches militaires », « généalogie Loire Atlantique », « généalogie Passion du Grand Ouest », « généalogie et biographie »,  « généalogie morbihannaise », et « généalogie vos blogs »,  les membres du forum « pages 14/18 » et tous les autres, (je ne peux pas tous les citer).
Je tiens également à remercier tout particulièrement Monsieur Bernard BOUSQUET de l’Association des Anciens Combattants de LA BOISSIERE DE MONTAIGU, pour sa gentillesse, pour son aide dans mes recherches, et avec qui j’ai beaucoup échangé et partagé. 
Sans vous tous, je n’aurai guère pu avancer !
Je ne désespère pas - Peut-être un jour trouverais-je ce que je cherche !

Sources -  Révélations – 365 pensées d’Amérique Latine - Danielle et Olivier FOLLMI ; Archives départementales de la Vendée – Archives des Armées - Le petit Larousse – Gallica BNF – Forum pages 14/18
 et l’aimable participation de Mr BOUSQUET.

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